Salut les copains !

Aujourd’hui j’ai énormément de choses à vous raconter. André, un très bon ami à Jean et moi est venu nous rendre visite durant 5 jours. Nous sommes allés le chercher en voiture de location à Catania puis nous avons eu la chance d’avoir pu rendre visite à un ami d’André qui vit en Sicile et possède de orangeraies. Salvatore nous a fait visiter toutes ses plantations, n’a pas arrêté de nous gâter nous offrant des caisses d’oranges, de mandarines, de citrons, et j’en passe. Une telle générosité dans les temps actuels, c’est quelque chose de vraiment touchant. Après avoir dégusté mille d’oranges, nous sommes rentrés au petit bateau, avec André. S’enchaînent alors dégustations de vins chez les cavistes, pizzas, aranchinis, cannoli, pâtes à l’encre de seiche, risotto frutti di mare, spaghetti aux vongole, visites de temple grec et ancien village médiéval du mont Erice. André et même monté en haut du mât pour voir la vue ! J’espère que vous apprécierez les photos et encore merci André d’être venu nous trouver, on s’est régalé !

Mais ce n’est pas vraiment de ça dont j’ai envie de vous parler aujourd’hui. Effectivement nous sommes en voyage en bateau, mais nous avons quand même un accès à internet et aux nouvelles. Qui sont, en ce jour que très mauvaises. Depuis le début de ce voyage je vous parle sans cesse de cette liberté que nous côtoyons avec Jean grâce au bateau. Je vous parle de tous les beaux paysages que nous voyons, de toutes les jolies rencontres que nous faisons. Mais il y a aussi, au travers de ce voyage une autre réalité, une réalité qui ne fait pas rêver, une réalité que j’estimais ne pas avoir besoin de vous raconter. Et peut être que je me suis trompée. En effet, toutes les îles que nous avons visitées sont belles et font partie de l’Europe. Cependant nous sommes confrontés, en Sicile, à une population qui est passablement pauvre. Une population que l’on n’assimile pas à l’Europe. A des gens qui n’ont pas eu la chance d’être éduqué, d’apprendre à lire et à écrire. A chaque feu, à chaque stop, il y a des gens de couleur qui font la manche, qui lavent les pare-brise. Des jeunes de mon âge. Et si nous étions nés où ils sont nés ? En Afrique du Nord, dans la pauvreté, aurions nous pas tout tenté pour rejoindre l’Europe ? Quitte à perdre la vie dans un de ces « boat people » ? Bien sûr que oui. Cette réalité fait partie de notre voyage, par où passer pour être le plus sûr de ne pas croiser un de ces bateaux de la mort, ne pas les voir, savoir mais ne pas les voir. C’est dur de devoir s’avouer cet égoïsme et pourtant c’est naturel, c’est normal. On a eu de la chance de naître où on est né et oui il y a des injustices, tout le temps et partout.

Vous allez certainement vous demander pourquoi je vous raconte ça, qu’est ce que ça a à voir avec les attentats de Charlie Hebdo ? Le lien est dans le fait que nous, nous avons eu la chance de pouvoir être éduqué, nous sommes des gens éclairés et nous avons le devoir de nous comporter en tant que tel. Nous devons être conscients de la chance que nous avons de vivre dans un si beau pays avec de si bonnes écoles. Ces lignes ne sont pas écrites dans un but moralisateur, bien au contraire. Je souhaite juste raconter ce que nous voyons, sans nous indigner, sans avoir pitié, juste en prendre conscience. La Suisse est magnifique et on y vit extrêmement bien et ce serait complètement faux de vouloir y vivre moins bien juste par le fait qu’à d’autres endroits il y a de la pauvreté. Cependant il est important de ne pas vivre dans une bulle, il est important d’être conscient de ce qu’il se passe ailleurs et pas loin de chez nous. Il est important d’être éclairé. Nous avons la chance d’être cultivé et c’est la plus belle chose que l’on nous ait donné car elle nous permet d’avoir de l’objectivité.