Je n'ai pas pour habitude de m'éterniser sur les blogs ou autres réseaux sociaux, néanmoins je me dois de réagir face à une certaine provocation historique. Accordant une importance certaine aux faits historiques, je me dois d'apporter quelques précisions en rapport aux événements qui ont eu lieu dans le Sud de la France.

Nous sommes en Novembre 1942, deux ans après la bataille de Mers El Kébir et la France va vivre l'un des plus triste épisode de l'histoire de sa Marine de Guerre. Imaginez, dans la Rade de Toulon, que nous connaissons bien, plus de 100 bateaux de guerres dont trois cuirassés, 7 croiseurs, 12 sous-marins, une flotte superbe comme la France n'en a jamais eu, va se détruire elle-même, de crainte de voir l'armée allemande s'en emparer. Mais les forces du troisème Reich sont à plus de trois semaines de Toulon quand le Gouvernement de Vichy déclenchera "L'Opération Lila". En trois semaines, la flotte française aurait eu largement le temps de rejoindre les forces Alliées qui se trouvaient à Alger. Ce haut fait historique ne peut que me faire penser aux fameux pirates sévissant sur les mers dans les nombreuses aventures d'Astérix... Allé, une ration de tafia pour tous les moussaillons!!

Le départ de demain est repoussé, pour cause de vent trop fort. Nous sommes encore sous l'influence d'une dépression qui se trouve sur la mer ionienne demain. Quitte à me creuser la tête sur ces fichiers météo, je me suis dite pourquoi ne pas le partager avec vous.

Depuis le début de notre voyage on consulte avec Jean diverses météo. De plus nous consultons des prévisions de sources très différentes si nous naviguons dans des zones côtières ou au large. Il y a toujours énormément de sites météo que l'on peut consulter et il n'est pas franchement toujours aisé de se faire un avis. De plus la météorologie et la prévision de vent ne sont pas des sciences exactes et dépendent d'énormément de facteurs. Il faut donc, à mon avis, choisir nos sources une fois pour toute et ne consulter que les sources choisies. Je pense que nous avons appris ça cette année. Et pour apprendre, il faut faire des erreurs. C'est bête, c'est vite embêtant mais c'est comme ça. Alors récapitulons notre parcours d'expérimentations météorologiques.

En France c'est facile, il y a Météo France qui diffuse chaque jour, une météo de prévisions marines très précise. Il y a plusieurs zones géographiques à choix et surtout plusieurs zones marines. Il y a un bulletin côtier, un bulletin large et un bulletin grand large. C'est d'une fiabilité qui frôle l'excellence, à mon avis. Voici le lien, si ça vous intéresse! http://www.meteofrance.com/previsions-meteo-marine/bulletin On a quand même remarqué, en naviguant ces dernières années en France que l'on peut ajouter à ces prévisions, les effets de sites ainsi que le thermique au printemps qui peut forcir le vent annoncé de 10-15 noeuds sans soucis. Puis on est parti direction l'Espagne. C'était au mois de septembre, alors que l'eau était chaude. On avait lu le bulletin large de Météo France qui annonçait un joli vent. Mais on n'avait pas regardé la situation générale des fronts qui nous entouraient. En fait nous étions en situation instable et notre traversée a été rythmée d'orages. Ce que Jean et moi avons partiellement su apprécier, vous vous en doutez. Il aurait fallu que l'on regarde une carte isobarique de la situation ou alors un site comme www.eltiempo.es qui représente de manière très fiable les fronts orageux.

Ensuite, nous avons traversé de Minorque à la Sardaigne. On s'est alors basé sur les données de NOAA, via le logiciel "zygrib" qui indique de manière brute le vent qu'il y aura sur plusieurs jours dans une zone choisie. C'est une très bonne prévision large. On a aussi regardé la situation générale pour prévoir les risques d'orage. Nous avons tout de même fait une petite erreur en prenant avec le logiciel zygrib une trop grande zone et donc pas assez zoomée. Après avoir pris un coup de vent à 100km de la Sardaigne, nous avons re-regardé notre météo, plus zoomée et nous aurions pu être moins surpris.

Puis nous avons voulu faire une navigation côtière pour aller à Cagliari. On a regardé zygrib. Et nous ne sommes jamais arrivés à Cagliari. En effet, ce golfe est très réputé pour être entouré de montagnes, desquelles descendent des vallées, desquelles descendent des vents...forts. Des vents de site, que l'on peut éventuellement prévoir si l'on regarde des météos côtières comme windfinder par exemple.

Enfin, BREF. Entre micro-météos, effets de sites, changements de temps, de pression, la houle, les côtes. Ce n'est pas simple et ce n'est pas exact. En mer on dit; "Qui regarde trop la météo reste au bistrot."

Tout ça pour quand même vous montrer la situation dans laquelle nous nous trouvons. Voici les données que nous lisons à l'aide du logiciel "zygrib":

Ce sont des flèches qui indiquent d'où vient le vent et à combien de noeuds il souffle. Demain, on peut lire qu'il y a 30 noeuds de vent de Nord annoncé. 30 noeuds cela correspond à un force 7, sans parler des rafales. Cela signifie que les arbres entiers commencent à s'agiter et en mer qu'il y a des lames déferlentes et des traînées d'écume. Le bateau et nous sommes capables de l'encaisser sans trop de problème, mais de là à avoir l'envie d'aller faire une traversée dans 30 noeuds c'est autre chose. On a le temps et on fait le choix d'attendre une situation plus claire.

Niveau frontologie voilà la situation générale.

http://marine.meteoconsult.fr/carte/meteo-marine/frontologie_0.php

Notre bien aimée petite dépression est bien sur nous, au milieu de la mer ionienne. On va encore attendre quelques jours qu'elle veuille bien s'en aller et nous laisser traverser!

Tout ce que je peux faire pour vous accompagner ...

Crochez jusqu'au bout du rêve ... Imaginez quand vous raconterez ça à vos petits enfants ... avec le même engouement que lorsque Jean raconte la bataille de Marseille du 15 août 1944 ... Les pauvres petits, mais enfin faudra qu'ils y passent !

Hello hello!

Depuis une semaine nous sommes arrêtés dans le joli port de Roccella Ionica en Calabre. On est venu ici car c'est notre point de départ pour la traversée sur la Grèce. Une fois à Roccella il reste un peu moins de 190 milles marin pour arriver en Céphalonie. 190 milles. C'est pas tant que ça, mais il faut quand même prévoir 48h de fenêtre météo et ça, en Méditerranée, l'hiver, c'est une montagne. Je vous mentirais si je vous disais que tout va au mieux. On a eu, avec Jean, une grosse baisse de moral, liée à une grosse dépression météorologique. Effectivement, on n'avance pas. La météo cet hiver est très peu clémente avec nous (tous les italiens que l'on rencontre n'ont jamais vu ça.. super!). On vit tempête sur tempête et ce n'est pas exactement comme ça qu'on imaginait le voyage. Dans l'idée d'un voyage en bateau on a l'intime conviction d'être libre, si un endroit ne nous plaît pas, si c'est trop cher, ou encore si l'on n'y fait pas de chouette rencontre alors on est libre de partir. En conclusion, un voyage en bateau à voile ce n'est pas ça. On est pas dans une voiture, on ne va pas où on veut et on est extrêmement lié à la situation météorologique. C'est quelque chose que l'on oublie quand on est à terre. Sur le Bag-Vian on vit en tout temps avec le vent, la pluie, les vagues. En mer ou dans le port, la seule différence étant l'aspect sécuritaire. Après, il est très important aussi de vous dire qu'au moindre rayon de soleil, le moral remonte, on est à nouveau "tout content" et c'est reparti pour l'aventure. Mais que le soleil se fait désirer cet hiver! Enfin, trève de plaintes. On va vivre ce voyage jusqu'au bout, dépendant de quelque chose que l'on ne maîtrise pas jusqu'au bout et on en rentrera grandi!

A Roccella, on a la chance d'être dans un super port, entourés de personnes jeunes, dynamiques et très gentilles! Des vélos ont même été mis à notre disposition pour qu'on puisse aller se balader! On est tout fou! Hier, nous sommes allés visiter le très joli village de Gerace, sur une petite montagne juste à l'intérieur de la Calabre! C'était très beau. Normalement, si la météo est clémente, on devrait pouvoir partir vendredi pour la Grèce. Croisons les doigts et on vous tient au jus!