Jean le Conquérant et Julie la Hardie ...

Les pirates se donnaient des surnoms pour deux raisons: pour protéger leurs familles et éviter de se rendre sous pression et deuxièmement afin de laisser aucune trace de leur passé dans la vie civile.

Avec le Conquérant on a traversé le Golfe du Lion en plein hiver avec une vitesse moyenne sur 215 milles nautique de 5.7 noeuds et on en est pas peu fier. La mer s'est montrée accompagnante sur les premières 24h bien qu'Eole fût plus prenant que prévu. Puis la belle Bleue se réveilla sur les dernières 13h. Elle prenait le Bag-Vian à son flan, le secouant, le couchant. Lui, résistant, donnait de la hanche pour passer cette houle de 3-4m. On a pas lâché, on a passé et on est bien arrivé.

En termes terrestres, on a fait 398 km à une vitesse moyenne de 10.5 km/h.

Moi je préfère parler en termes marins, sinon on a l'impression qu'on est vraiment lent. Et c'est bien cette lenteur qui donne toute sa mysticité à la mer, au grand large. En mer, on est lent, on est au rythme que la nature nous accorde, tout se qu'on peut faire c'est espérer qu'elle acceptera de nous laisser passer. C'est du respect, c'est du temps, c'est des superstitions. Voilà ce qu'est le large pour moi.

Bien entendu vous allez vous dire, ils se prennent pour qui le Conquérant et la Hardie, ils ont pas traversé le Pacifique ou passé le Cap Horn, c'est que le Golfe du Lion. Mais j'ai déjà beaucoup navigué, et un ami marin m'a dit un jour qu'aucune traversée n'est à prendre à la légère, même si elle consiste à aller de Marseille à La Ciotat. La mer demande ce respect.

Au niveau de la navigation, on est parti plus Sud dès le départ, sachant que le vent risquait de nous refuser la route sur la fin de la traversée. Ca nous laissait la marge de manoeuvre pour quand même arriver en Sud Sardaigne. On est arrivé bien crevé, très mouillé et tout salé. Mais avec un tel sentiment de fierté. Le sentiment qu'on a accompli quelque chose de bien, on avait le sourire aux lèvres incapable de l'enlever. On s'est alors couché, à l'ancre devant une île noire qu'on allait découvir quelques heures plus tard.

A terre on oublie cette communion avec la nature, bien sûr que beaucoup d'entre vous sont très proches d'elle et essaient de l'écouter au mieux et le plus souvent possible. Mais à terre, on se prend à croire qu'on peut la maîtriser. Et je parle de moi aussi. A terre, tout doit aller vite, on doit se dépêcher, faut bosser, faut faire les cadeaux de Noël, faut organiser le grand repas de famille ha mince et j'ai pas encore parlé des biscuits qu'on doit encore faire.

Nous on a l'extrême chance d'avoir une année pour réaliser ça, pour vivre au rythme naturel et qu'est ce qu'on en est reconnaissant.

On espère que quelques uns d'entres vous, en lisant ces lignes, en regardant ces photos et vidéos auront l'envie de nous rejoindre. Parce que ce qu'on vit c'est extraordinaire et ça doit se partager.

 

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